Deux stratégies de marketing : push et pull
Pour séduire le consommateur et devancer la concurrence, les compagnies ont recours à de nombreuses stratégies de marketing. Les approches « push » et « pull » font partie de ces stratégies. Bien qu’ayant le même but ultime, ces deux approches utilisent des stratégies différentes pour attirer le consommateur.
Le « push marketing » consiste à « pousser » le produit vers le consommateur. Par des actions directes et concrètes, comme des publicités ou des distributions d’échantillons, l’entreprise propose son produit au consommateur, bien que ce dernier n’en ait pas exprimé le besoin.
Le « pull marketing » consiste à « tirer » le client vers le produit. Par des actions publicitaires, l’entreprise crée un besoin chez le consommateur, qui, par la suite, viendra de son plein gré acheter le produit. Généralement, l’entreprise dispose de produits ayant une grande notoriété sur le marché.
Voyons comment ces stratégies push et pull peuvent s’appliquer dans le domaine de l’enseignement et particulièrement celui de la formation à distance.
L’approche push en enseignement
La méthode traditionnelle d’enseignement est structurée de façon linéaire : chaque leçon est abordée de manière chronologique, avec l’enseignant qui transmet l’information aux étudiants et procède à des quiz ou des évaluations formatives. Une évaluation sommative à la fin des modules, des chapitres ou du cours, permet de vérifier et de sanctionner l’apprentissage. C’est une structure classique fondée sur l’approche « push », où on présente tout le contenu à l’étudiant et on l’évalue pour s’assurer qu’il a bien compris.
Le contenu est « poussé » vers l’étudiant. En d’autres mots, l’information vient à lui sans qu’il lui soit nécessaire de s’impliquer activement dans le processus. Il s’agit d’un apprentissage passif, où l’étudiant est spectateur plutôt qu’acteur.
Cette approche est en usage depuis des générations et elle peut encore fonctionner, surtout lorsque qu’il n’existe pas d’exigence de performance liée à la formation, c’est-à-dire qu’elle se limite au niveau de la connaissance, non pas de l’application. Mais malheureusement, ce type d’enseignement peut rapidement devenir assommant pour l’étudiant, surtout celui qui vit l’isolement de la formation à distance.
- C’est un modèle rigide, difficilement adaptable à différents groupes ayant des styles d’apprentissage particuliers.
- C’est une approche linéaire qui oblige l’étudiant à parcourir tout le contenu, même les sections qu’il connaît déjà.
- C’est une méthode qui sollicite surtout la mémoire à court terme, ce qui ne favorise pas les apprentissages durables.
- Le manque de participation active de la part de l’étudiant peut rendre le cours ennuyeux et mener au désintéressement voire même au décrochage, surtout dans un contexte de formation à distance où l’étudiant ne peut bénéficier de la présence des pairs ou de l’enseignant pour le stimuler.
L’approche pull en enseignement
Avec l’approche « pull », l’enseignant ne donne aucune ou peu d’information en amont. Au lieu de les gaver de contenu, il oblige (amenez) les étudiants à trouver eux-mêmes l’information dont ils ont besoin pour atteindre les objectifs.
Il leur soumet un problème à résoudre, une décision à prendre et ils doivent explorer le contenu pour trouver la réponse. Chaque étudiant peut ainsi jouir d’une expérience d’apprentissage unique, fondée sur ce qu’il connaît déjà.
Prenons l’exemple d’une leçon Excel où l’étudiant doit apprendre à créer des formules simples.
Avec la méthode push, l’enseignant demanderait aux étudiants de lire des notes écrites ou de regarder quelques vidéos (dans un ordre spécifique) qui démontrent le processus pas à pas.
Avec la méthode pull, l’enseignant conçoit un scénario ou un problème qu’ils doivent résoudre. Par exemple, il fournit une liste fictive de noms d’élèves et de notes avec lesquels les étudiants doivent créer une grille qui calcule la moyenne des notes. Ils doivent se débrouiller pour trouver la solution dans le contenu qui leur est fourni.
Ceux qui ont déjà des connaissances peuvent les appliquer directement dans l’exercice sans avoir à « tirer » l’information du contenu. Ils peuvent ainsi aller chercher uniquement l’information qui leur manque et progresser plus rapidement.
Et que se passe-t-il si certains étudiants ne tirent pas la bonne information ou l’information la plus pertinente? Ce n’est pas très grave, car l’enseignant peut leur transmettre les informations essentielles par le biais de ses rétroactions (feedback) une fois le travail accompli.
Avantages de l’approche pull
- Oblige l’étudiant à réfléchir, à résoudre des problèmes, être plus créatif.
- Permet à l’étudiant d’explorer et de découvrir d’une manière plus naturelle, suscitant ainsi sa curiosité.
- La participation active (par opposition à passive) permet de maintenir l’étudiant motivé et engagé.
- Permet à l’étudiant d’avoir un certain contrôle sur le déroulement du cours
- L’étudiant n’est plus obligé de subir jusqu’au bout un contenu qu’il connaît déjà.
- L’étudiant n’a pas à suivre un parcours prédéfini. Il détermine la valeur des informations et contrôle sa progression.
Comment procéder?
Alors comment procéder pour adapter un cours à la méthode pull? En fait, c’est assez simple. À l’instar de l’enseignement traditionnel, les activités d’apprentissages (les scénarios, les problèmes à résoudre) dans l’approche pull sont basées sur les objectifs pédagogiques. Ces derniers constituent effectivement les connaissances et les compétences que les étudiants doivent acquérir. Si ces objectifs sont suffisamment précis, ils énoncent déjà clairement les tâches que les étudiants devraient être en mesure de réaliser à la fin du cours. Il s’agit tout simplement de leur fournir la raison ou la motivation (sous forme d’exercices) de tirer, du contenu offert, les informations dont ils ont besoin pour atteindre les objectifs pédagogiques. En réalité, il s’agit tout simplement, la plupart du temps, d’inverser le processus classique : donner d’abord les exercices et laisser les étudiants trouver les réponses et les solutions dans le contenu.
En outre, il n’est pas absolument nécessaire que le cours en entier soit adapté à la méthode pull. L’enseignant peut très bien décider d’appliquer cette stratégie à certaines parties ou certains modules du cours seulement.
N’oublions pas que le but ultime d’une formation n’est pas d’obliger les étudiants à lire des centaines de pages ou à regarder des dizaines de vidéos. Le but est de s’assurer qu’ils ont acquis certaines connaissances ou qu’ils peuvent accomplir correctement certaines tâches.