Note: dans cet article, le masculin englobe les deux genres et est utilisé pour alléger le texte.
Le modèle traditionnel
Le modèle traditionnel d’enseignement (élaboré au XIXe siècle) repose sur des cours magistraux, où l’enseignant apparaît comme l’unique source du savoir. Debout devant ses rangées d’étudiants, il livre la matière pendant que ces derniers prennent des notes en s’ajustant tant bien que mal au débit de l’enseignant. Pour vérifier la mémorisation et la compréhension du contenu, l’enseignant donne des devoirs, des exercices et des travaux que l’étudiant doit faire à la maison.
Source de la photo : Birmingham Mail
Ainsi, l’enseignement traditionnel se déroule en deux volets :
- le transfert d’information par l’enseignant;
- l’assimilation de l’information par l’étudiant qui doit mémoriser le tout et le prouver dans des évaluations.
L’inconvénient de ce modèle, c’est qu’il assigne le rôle actif à l’enseignant et le rôle passif à l’étudiant. Ce dernier ne participe pas réellement à son apprentissage, il ne fait que tenter d’absorber la matière et de la mémoriser, au moins jusqu’au moment de l’évaluation.
Moins l’étudiant participe activement dans son apprentissage, moins il se sent impliqué dans le processus, moins il se sent motivé et moins il apprend. Selon certains experts, le cours magistral n’est efficace que pour environ 10% des étudiants, ceux-là mêmes qui, de toute façon, ont la capacité d’apprendre la matière par eux-mêmes, sans l’aide de l’enseignant.
La classe inversée
La classe inversée vise à inverser les étapes d’enseignement, afin de donner le rôle actif à l’étudiant. Ce qui était traditionnellement fait en classe est fait à la maison et vice versa. La classe inversée comprend donc aussi deux étapes :
- À la maison : Le cours commence à la maison, non en classe. L’enseignant met à la disposition de l’étudiant des ressources à consulter de façon autonome. En d’autres mots, l’étudiant apprend son cours chez lui (ou hors de la salle de classe) à l’aide de ressources fournies par l’enseignant. Il s’agit dans la plupart des cas de capsules vidéo, mais on peut aussi se limiter à des lectures, des applications numériques, des recherches Internet, etc.,
- En classe : De retour en classe, l’enseignant propose des activités, des projets de groupe et des échanges permettant de développer des compétences basées sur le contenu étudié à la maison. Ces exercices ont pour but de mettre en pratique l’apprentissage et de vérifier la compréhension. Ils doivent permettre aux étudiants d’interagir entre eux, de s’aider mutuellement, de communiquer. Tout le travail de compréhension, c’est-à-dire l’apprentissage actif, est fait en classe, en présence et avec l’aide de l’enseignant.
Dans la classe inversée, l’enseignant joue un rôle de guide et de facilitateur, non pas celui de « guru du savoir » qui transfère de l’information.
Source : Wikipédia
« Dans la classe, le professeur est libéré du cours magistral que les élèves ont déjà vu à la maison. Le temps d’interaction est donc utilisé pour travailler sur des activités d’application généralement dévolues aux devoirs hors la classe. L’enseignant peut alors naviguer entre les élèves en activité pour les aider : il est à leur côté au moment où ils en ont le plus besoin. Plusieurs enseignants estiment qu’ils multiplient par 4 le temps qu’ils passent en moyenne avec chaque élève. »
Source: La classe inversée : du Face à Face au Côte à Côte
La puissance de l’enseignement par les pairs
Eric Mazur, un professeur de physique à Harvard, a découvert un peu par hasard, les bienfaits de la pédagogie inversée. Il n’arrivait pas, malgré tous ses efforts, à faire comprendre un concept à l’ensemble de ses étudiants. La moitié seulement de la classe y parvenait. Ayant épuisé tous ses moyens, il demanda aux étudiants d’en discuter entre eux. En échangeant en face à face ou en petits groupes, les 50% d’étudiants ayant compris réussirent en peu de temps à expliquer le concept à ceux qui ne parvenaient pas à le comprendre. Stupéfait, le professeur Mazur a pris un peu de recul pour réfléchir à la question et il explique le phénomène de cette façon :
- Étudiant A est voisin d’Étudiant B dans la classe.
- Étudiant A a compris le concept alors qu’Étudiant B ne l’a pas compris.
- Étudiant A aura beaucoup moins de difficulté que l’enseignant à expliquer le concept à Étudiant B car Étudiant A vient tout juste de le comprendre et les obstacles qu’il a eu à surmonter pour y arriver sont encore tout frais dans sa tête. Il peut donc aider Étudiant B à venir à bout de ces mêmes obstacles car son approche est différente.
- Le professeur, qui a maitrisé le concept depuis belle lurette, ne se souvient plus des difficultés particulières inhérentes à la compréhension du concept, ayant même peine à concevoir qu’on puisse éprouver de la difficulté à comprendre une notion qui lui semble si élémentaire.
C’est l’ironie de devenir un expert dans son domaine, explique M. Mazur : l’enseignement devient plus difficile, car on a depuis longtemps oublié les difficultés que peut éprouver le novice devant un problème donné.
L’expérience faite par le professeur Mazur démontre un des avantages de la classe inversée : l’échange entre étudiants, le tutorat par les pairs. « Rien ne clarifie davantage les idées que le fait d’avoir à les expliquer aux autres » souligne-t-il dans un ouvrage de 1997 intitulé Peer Instruction.
Avantages de la classe inversée
- Étudiants plus engagés dans leur apprentissage (apprentissage actif en classe, apprentissage passif à la maison)
- Étudiants plus motivés, enthousiastes
- Plus de temps en face à face avec l’étudiant, plus de temps pour la pédagogie différenciée
- Favorise l’autonomie chez l’étudiant (apprentissage à la maison)
- Tout le temps passé en classe est centré sur l’étudiant, pas sur l’enseignant, ce qui favorise l’apprentissage autonome et le tutorat par les pairs
- Renforce la relation entre l’étudiant et son enseignant
Selon certaines statistiques, ce sont les étudiants moyens et en difficulté qui bénéficient le plus de la classe inversée.
Source : http://www.laclasseinversee.com/la-classe-inversee/pourquoi-inverser-sa-classe
Souplesse avant tout
Il n’y a pas qu’un seul et unique modèle de classe inversée. Chaque enseignant peut adapter ce concept à ses besoins, à ses contraintes et au contexte dans lequel il évolue.
Il peut par exemple l’appliquer à certains cours seulement, ou à certaines notions d’un cours, ou encore à certaines classes et non à d’autres.
Le principe de base suivant est cependant commun à toutes les classes inversées : l’étudiant travaille en autonomie pour assimiler des notions de base qui seront approfondies en classe en présence de l’enseignant, par le biais d’exercices mettant en pratique des techniques d’apprentissage actif et de tutorat par les pairs.
Ressources
Dans un prochain article, nous ferons un survol des méthodes les plus simples pour mettre un contenu en capsule vidéo. Entretemps, voici quelques ressources pour en savoir plus sur la classe inversée.
La classe inversée dans une école de Moncton
A Moncton, une enseignante de l’école Le Mascaret, Annick Arsenault Carter, s’adonne à la pédagogie inversée afin d’aider les élèves les plus en difficulté. Ses cours sont sur YouTube et le temps en classe est consacré à la pratique.
Explication de la classe inversée par Annick Arsenault Carter
La division avec les fractions, un exemple de capsule vidéo par Annick Arsenault Carter
Polygones irréguliers un exemple de capsule vidéo par Annick Arsenault Carter
Comment la direction peut appuyer une enseignante d’une classe inversée? par Annick Arsenault Carter
Autres ressources
Redefining the Flipped Classroom
La chaîne YouTube de Jon Bergmann (cofondateur du concept de la pédagogie inversée)
Classe inversée – étapes pour bien démarrer
Rethinking the Way College Students Are Taught
Sugata Mitra: Build a School in the Cloud Sugata Mitra, spécialiste des sciences de l’éducation, livre sa perception de l’éducation actuelle et sa vision pour l’avenir. Une présentation informative et inspirante.